Le Pot d’une Sublime Fillette

«Car de bon matin je remarquais mal sa banalité naturelle…»
Les chimistes retrouveront un modèle connu… Napoléon mangeant allègrement six poissons sans claquer d’argent, vous le savez bien…
« Mais il recommence ! »
Oui, mais croyez moi, l’astuce pourrait vous servir !

Elle consiste ici à laisser de côté le sens de la phrase, sans grand mal, cela est vrai… Intéressons-nous plutôt aux premières lettres des mots. C’est un moyen mnémotechnique assez répandu chez les chimistes pour apprendre la classification périodique des éléments (vous savez, cette espèce de tableau plein de symboles !).
Figurez-vous que cette astuce trouve aussi une utilité dans le milieu du vin !

Il peut servir, et c’est là le propos d’aujourd’hui, d’une solution pour apprendre -ou retenir- la multitude de contenants en verre pour le vin. Cela s’avère plutôt utile, et peut parfois éviter quelques quiproquos… Un exemple ?
« Chéri ? Passe acheter une bonne bouteille pour le dîner de ce soir !»

Dans le langage courant, nous avons deux bouteilles, vous en conviendrez… L’une un peu plus volumineuse, il est vrai…

Pourtant ! La bouteille se situe à gauche… A droite, il s’agit d’un Melchior.

27,5mm de diamètre au goulot, contre 76,6mm en fond, 313mm de haut… Des mensurations de rêve, n’est-ce pas ? C’est qu’elle est plutôt sexy la bouteille… Et j’insiste bien sur le terme de bouteille. Car à ces dimensions correspondent uniquement ce nom.

Ainsi, on ne parlera pas de « grosse bouteille » (sauf de façon abusive), mais on donnera un nom… Nettement plus chic.

Quart, Demi, Bouteille, Magnum, Jéroboam, Réhoboram, Mathusalem, Salmanazar, Balthazar et enfin Nabuchodonosor.
Devant une si longue série, vous comprendrez à présent la petite gymnastique de l’introduction ! (Mais si, alignez les deux, vous verrez !)

Certains affirmeront sans doute connaître les différents volumes, appris par cœur il y a quelques années de cela pour compléter quelques savantes grilles de mots croisés. En revanche, ils s’indigneront peut être devant la liste sus-citée, qui semble différer de ceux qu’ils gardaient précieusement en tête.
A ceux là je répondrai une chose : «Vous avez raison, vous aussi».

Non, chacun ne nomme pas les volumes à sa sauce, mais il est vrai que les typicités régionales des grandes régions vinicoles sont passées par là.
Ainsi, dans le bordelais, le Jéroboam sera appelé de façon tout à fait logique, bien que moins poétique, un double magnum… Mais ce Jéroboam désignera tout de même autre chose, de volume différent que celle rencontrée en Champagne !
Compliqué n’est-ce pas ? Alors synthétisons un peu cela…

Intéressons-nous à présent aux avantages que peuvent présenter une si grande diversité de volumes.
On comprendra assez vite que, pour une personne seule souhaitant s’offrir la dégustation d’un vin de prix excessif, ouvrir une bouteille lui laissera deux choix : la boire, mais siffler une bouteille seul par simple plaisir de la dégustation n’est peut être pas la meilleure chose, ou bien adopter un volume de contenant plus faible.

Et dans le cas d’un grand nombre de convives ? La réponse toute trouvée, si l’on suit l’exemple ci-dessus, serait d’adopter un grand volume. Mais voyez-vous souvent cela ?
Non, et c’est souvent une question de praticité. En effet, il est peut être plus simple de disposer une bouteille à chaque table, que de devoir mettre en carafes une Sublime !
A titre informatif, ci-contre notre charmant compagnon porte un nabuchodonosor… Soit dix fois plus petit, je vous laisse donc imaginer…

On peut alors s’interroger sur l’utilité de tels volumes. Mais, pensez-vous, ces créations ne sont sans doute pas uniquement dues au fruit du hasard !
En comparant différents contenants, une chose peut attirer notre attention : le goulot.
Eh oui, vous constaterez sûrement que, malgré des tailles très disparates, ils restent similaires (pour ne pas dire identiques !).
Or dans ce goulot, on trouve bien évidemment un bouchon… Qui constitue le seul point d’échange entre l’air et le vin.
Donc à volume différent, nous avons deux deux aérations égales, d’où une différence notable sur le vieillissement du vin !
En effet, des études menées par le CIVB, le CIVC et des indépendants tels que Jean-Luc Thunevin du château Valandraud, ont montré que le vin garde plus son côté fruité lorsqu’il est embouteillé en grand flacon.

Malgré tout, on constate qu’il est compliqué de se procurer ces formats particuliers, et qu’une infime partie des Châteaux seulement les proposent.
Cela est dû à un coût généralement plus élevé des bouteilles d’une part, et un coût de mise en bouteille qui s’en fait lui aussi ressentir.
C’est pour cette raison que quelques Châteaux réservent ces formats à leurs grands vins, voir même quelques fois réservent leurs grands vins pour les flacons de grande taille.

Mon anniversaire approche, peut-être que celui d’un de vos proche également, alors pensez-y ! C’est original et quoi qu’il en soit, une bonne bouteille fait toujours plaisir…
Attention cependant à choisir suffisamment grand, que la personne puisse partager avec vous !