Ton Caviste n’est pas mort !

« Regarde ça Roger, j’ai trouvé une kasteel triple chez [insérer une marque grande distribution quelconque] ! Pas cher, une super affaire !
– Au top ! J’ai acheté un whisky japonais à mon neveu il y a quelques jours… Je n’aurai jamais pensé trouver ça là-bas ! Et alors le prix… Je ne t’en parle pas ! »

Non. N’en parle pas.

Ton Caviste n’est pas mort ! Tu sais, le type en bas de ta rue, qui se décarcasse pour dénicher quelques produits d’exception ! Des grands noms, des cuvées en biodynamie, des whiskies d’embouteilleurs indépendants, de super craftbeers de brasseries jusqu’alors inconnues… Lui là, en bas de chez toi, il respire encore, passe lui dire bonjour !

Alors oui, tu trouveras sans aucun doute UN produit (ou allez, quelques-uns dans le pire des cas) qui resterons affichés moins cher en grande distribution. Mais ce petit plus, ces quelques euros qui te brûlent les doigts, aujourd’hui on te montre ce qu’ils signifient vraiment.

Derrière sa chemise débraillée et ses lunettes de travers, ou son air hipster décontract’, se cache un mec qui connait ses produits. Le type que tu iras voir et qui te trouveras quel vin à petit (ou grand) budget assortir à ta raclette entre copains. S’il est sympa, tu auras même le droit à deux ou trois anecdotes sur ta super quille à raconter. De quoi briller en société, pour sûr.
Alors ce caviste, c’est comme ta mère ! Quand il parle, tu l’écoutes…
Perdu devant le bon millier de bouteilles dans les grandes enseignes, penses-tu pouvoir en dire de même ?

Tes trois ou quatre euros d’écarts, ils sont là en quelque sorte. Le fond de ta poche, que tu peines à atteindre (avec ou sans mauvaise volonté) permet à ce charmant monsieur de te proposer toujours plus de nouvelles choses.

Ces nouvelles choses, elles peuvent aussi vivre grâce à notre ami le caviste ! Imaginez : un petit domaine qui joue sur l’image ultra familiale, sur une production ridiculement petite mais au respect du produit des plus énormes ! Biodynamie, un chai en gravitaire, une utilisation du soufre limitée, etc… Ca a un coût. Coût que la grande distribution ne sera peut-être pas prête à mettre pour acheter une bouteille d’un petit producteur sur une appellation où la demande reste faible. Ton caviste ira (et avec le sourire !) chercher ce super vin. Sympa le gars, tu ne trouves pas ?

Et la qualité du produit, on en parle ? Eh oui, en bas de chez toi, notre petit commerçant contrôle ses volumes… Et donc la qualité du produit final. Hein ? Le rapport ?
Prenons l’exemple d’une bouteille.
Notre caviste (Paul… On va l’appeler Paul) suit un peu son acheminement. Il fait en sorte que le transport ne soit pas source d’altération pour le produit. Garantie top quality !
De l’autre côté… On a un transport plus long, qui passera sans doute par une centrale d’achat. Et entre temps ? Exposition aux écarts de température, à la lumière et j’en passe… Miam. Ton vin ? Flingué. Systématiquement ? Non, heureusement, décrispe-toi ! (Petit conseil aux amateurs de bières artisanales : c’est là que l’on vérifie notre date de mise en bouteille !)

Alors, j’abandonne tout ? Je file chez mon caviste… Et c’est tout ?
La conclusion serait simple ! Un monde manichéen où la GD ferait figure de cible à abattre.

Mais n’oublions pas que la grande distribution permet aussi à bon nombre de producteurs de vivre ! En effet, même si ces derniers rognent un peu la marge réalisée, ils s’assurent un revenu conséquent et certain. Que voulez-vous, quand une grande enseigne signe avec vous un contrat de 250 000 bouteilles à l’année… C’est une assurance ! Des cavistes, pour vendre de si gros volumes, il en faut quelques-uns.

« Mais si tout le monde allait chez son caviste, en boycottant ces grandes enseignes, ça marcherait ! ». Vas-tu chez le boucher pour ta viande, chez le primeur pour tes légumes, en épicerie fine pour ton huile d’olive ?
Même si l’on peut observer une prise de conscience collective, grâce à laquelle tout le monde cherche à savoir ce qu’il consomme, la grande distribution peut encore voir quelques belles années devant elle, car les habitudes de consommations, elles, ne changent que peu. Alors on ne peut que vous encourager à consommer malin ! Une bouteille plaisir ? Filez chez vôtre caviste. Une foire au vin en Grande distribution sur un millésime super, vous connaissez le domaine… Ne vous privez pas. Paul fermera les yeux, pour cette fois !

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